Maman a le covid !

Hélène Constantin est formée en physiothérapie et en philosophie, mère au foyer et catéchiste.
Photographe familiale, elle est maman de quatre enfants et mariée à Nicolas.

Voilà qu’il s’est invité dans notre foyer. Ce virus qui veut faire de la peur l’aliment de notre quotidien, qui nous oblige à porter un masque, qui nous contraint dans nos projets, qui nous demande d’être encore plus individualistes, et qui nous oblige à réfléchir à ce qui est vraiment le ciment de nos vies (la santé ? ou l’amour ?). Il a débarqué sans trop savoir comment chez nous, mais pas de
doute : j’ai le covid !

Le résultat du test est tombé rapidement, par sms : « vous êtes positive. Restez chez vous. » Le message était clair.
Venait alors l’étape la plus délicate de l’histoire : demander aux personnes côtoyées 48H avant les symptômes de s’isoler pour 10 jours, quel exercice exigeant. Surtout ne pas culpabiliser. Mais quand même… les pauvres. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas.

Il a fallu ensuite gérer à nouveaux les frustrations des enfants : « Votre sortie scouts, votre journée au parc d’attraction, et l’anniversaire chez le copain de classe : annulés à cause de maman ». Non, non, je ne m’en suis pas voulue trop longtemps. L’objectif était alors de ne pas contaminer le reste de la tribu. J’ai alors essayé de suivre les recommandations de la confédération suisse : m’isoler dans une pièce de ma maison, porte fermée, ne pas m’approcher ni des enfants ni de mon mari, ne plus manger avec eux, ne rien toucher, et désinfecter tout sur mon passage, et ce pendant 10 jours ! Je vous avoue que j’ai râlé sur ces mesures inadaptées à la réalité d’une maman de 4 enfants… Mais bon, je n’avais pas le choix, sous peine de tous tomber malade.

Isolée au sous-sol

Alors voilà, cela fait plus de 7 jours maintenant que je vis quasiment isolée dans une pièce au sous-sol. Cela ressemble à des conditions carcérales, sauf qu’en fait, je vous avoue que j’y ai vite trouvé quelques avantages : je peux me reposer, être au calme, lire un roman en entier, trier les photos sur l’ordi, et regarder un film de 3h sans être interrompue. Trop bien non ?

C’est surtout l’occasion d’assister de loin, avec gratitude, à la vie de famille qui se passe très bien sans moi. Mon mari gère de main de maître notre foyer : il s’occupe de tous les repas, joue avec les enfants, et prend même le temps de faire de la gelée de coings et des pâtes de fruits. J’admire le temps qu’il prend à cuisiner de bons petits plats. C’est certain, il est bien meilleur cuisinier que moi ! Peut-être qu’il serait temps en fait que je lui laisse un peu plus d’espace dans son rôle de père.

et lâcher prise

Cela dit, il n’y a pas que des avantages… le manque de câlins et de contacts est difficile, surtout pour les plus jeunes. Avoir une maman masquée en permanence est bien triste. Et puis comment faire le gâteau en forme de dinosaure pour les 4 ans du petit dernier en ne pouvant rien toucher dans la cuisine ? Ce gâteau, il l’attend depuis des mois… Alors il me faut laisser ses grandes sœurs s’en occuper. Elles sont trop heureuses d’avoir un peu plus de responsabilités au quotidien. Ce gâteau sera unique, c’est certain : vont-elles réussir à le faire comme je l’avais imaginé ? Cette semaine, j’apprends à me détacher et à lâcher prise. Comme ça me fait du bien, en fait.

Oui, vraiment, ce temps de repos forcé est aussi positif que le résultat du test. La maman que je suis est obligée de ne rien faire (c’est l’Etat qui le dit !), les enfants sont détendus, et je m’émerveille d’avoir un mari qui est un si bon père et si bon époux. Peut-être que je l’avais un peu oublié, avec les années. Toute seule dans ma chambre, j’écoute le quotidien joyeux de ma famille à l’étage, et je médite sur ce que dit Maurice Zundel : « C’est dans le face à face de l’amour que le Ciel se fait jour. » Comme il a raison. Alors en ces temps incertains et anxiogènes, suivons le conseil de sainte Thérèse d’Avila : « Ne laisse pas la tristesse t’éteindre et d’absurdes soucis troubler tes jours. » et n’oublions pas que « tout se fait par amour. Seul l’amour guérit. »

Articles d’Hélène

Consentir au réel et rendre grâce

Consentir au réel et rendre grâce

Comment garder le cap de l’espérance quand l’espoir d’une amélioration de la situation sanitaire s’effrite de semaines en semaines ? Et si cette situation allait encore durer plusieurs mois ? Où trouver la force de tenir face à un réel si contraignant et frustrant, qui ne correspond pas vraiment à nos plans et projets ?

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Pardonner. Quand même.

Pardonner. Quand même.

Cette année, en préparant des enfants au sacrement du pardon comme catéchiste, je me suis retrouvée face à un cas de conscience : comment expliquer la beauté du pardon aux enfants, l’importance de se remettre en question et de pardonner, alors que moi-même, je me retrouve bloquée dans une situation blessante dans laquelle il m’est si difficile de pardonner ?

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Hélène Constantin est formée en physiothérapie et en philosophie, mère au foyer et catéchiste.
Photographe familiale, elle est maman de quatre enfants et mariée à Nicolas.

Voilà qu’il s’est invité dans notre foyer. Ce virus qui veut faire de la peur l’aliment de notre quotidien, qui nous oblige à porter un masque, qui nous contraint dans nos projets, qui nous demande d’être encore plus individualistes, et qui nous oblige à réfléchir à ce qui est vraiment le ciment de nos vies (la santé ? ou l’amour ?). Il a débarqué sans trop savoir comment chez nous, mais pas de 
doute : j’ai le covid !

Le résultat du test est tombé rapidement, par sms : « vous êtes positive. Restez chez vous. » Le message était clair.
Venait alors l’étape la plus délicate de l’histoire : demander aux personnes côtoyées 48H avant les symptômes de s’isoler pour 10 jours, quel exercice exigeant. Surtout ne pas culpabiliser. Mais quand même… les pauvres. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas.

Il a fallu ensuite gérer à nouveaux les frustrations des enfants : « Votre sortie scouts, votre journée au parc d’attraction, et l’anniversaire chez le copain de classe : annulés à cause de maman ». Non, non, je ne m’en suis pas voulue trop longtemps. L’objectif était alors de ne pas contaminer le reste de la tribu. J’ai alors essayé de suivre les recommandations de la confédération suisse : m’isoler dans une pièce de ma maison, porte fermée, ne pas m’approcher ni des enfants ni de mon mari, ne plus manger avec eux, ne rien toucher, et désinfecter tout sur mon passage, et ce pendant 10 jours ! Je vous avoue que j’ai râlé sur ces mesures inadaptées à la réalité d’une maman de 4 enfants… Mais bon, je n’avais pas le choix, sous peine de tous tomber malade.

Isolée au sous-sol

Alors voilà, cela fait plus de 7 jours maintenant que je vis quasiment isolée dans une pièce au sous-sol. Cela ressemble à des conditions carcérales, sauf qu’en fait, je vous avoue que j’y ai vite trouvé quelques avantages : je peux me reposer, être au calme, lire un roman en entier, trier les photos sur l’ordi, et regarder un film de 3h sans être interrompue. Trop bien non ?

C’est surtout l’occasion d’assister de loin, avec gratitude, à la vie de famille qui se passe très bien sans moi. Mon mari gère de main de maître notre foyer : il s’occupe de tous les repas, joue avec les enfants, et prend même le temps de faire de la gelée de coings et des pâtes de fruits. J’admire le temps qu’il prend à cuisiner de bons petits plats. C’est certain, il est bien meilleur cuisinier que moi ! Peut-être qu’il serait temps en fait que je lui laisse un peu plus d’espace dans son rôle de père.

et lâcher prise

Cela dit, il n’y a pas que des avantages… le manque de câlins et de contacts est difficile, surtout pour les plus jeunes. Avoir une maman masquée en permanence est bien triste. Et puis comment faire le gâteau en forme de dinosaure pour les 4 ans du petit dernier en ne pouvant rien toucher dans la cuisine ? Ce gâteau, il l’attend depuis des mois… Alors il me faut laisser ses grandes sœurs s’en occuper. Elles sont trop heureuses d’avoir un peu plus de responsabilités au quotidien. Ce gâteau sera unique, c’est certain : vont-elles réussir à le faire comme je l’avais imaginé ? Cette semaine, j’apprends à me détacher et à lâcher prise. Comme ça me fait du bien, en fait.

Oui, vraiment, ce temps de repos forcé est aussi positif que le résultat du test. La maman que je suis est obligée de ne rien faire (c’est l’Etat qui le dit !), les enfants sont détendus, et je m’émerveille d’avoir un mari qui est un si bon père et si bon époux. Peut-être que je l’avais un peu oublié, avec les années. Toute seule dans ma chambre, j’écoute le quotidien joyeux de ma famille à l’étage, et je médite sur ce que dit Maurice Zundel : « C’est dans le face à face de l’amour que le Ciel se fait jour. » Comme il a raison. Alors en ces temps incertains et anxiogènes, suivons le conseil de sainte Thérèse d’Avila : « Ne laisse pas la tristesse t’éteindre et d’absurdes soucis troubler tes jours. » et n’oublions pas que « tout se fait par amour. Seul l’amour guérit. »

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Comment garder le cap de l’espérance quand l’espoir d’une amélioration de la situation sanitaire s’effrite de semaines en semaines ? Et si cette situation allait encore durer plusieurs mois ? Où trouver la force de tenir face à un réel si contraignant et frustrant, qui ne correspond pas vraiment à nos plans et projets ?

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