4 piliers pour initier les tout-petits à la prière
L’abbé Joël Pralong est prêtre du diocèse de Sion et auteur de nombreux ouvrages de spiritualité.
Il est supérieur du Séminaire de son diocèse.
La prière n’a rien à voir avec du rabâchage de mots ! « Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment faire leurs prières debout dans les synagogues et dans les carrefours, afin d’être vus des hommes. Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent que c’est à force de paroles qu’ils se feront exaucer. » (Mt 6,5-8)
1 – Un cœur à cœur avec Dieu
La prière n’est pas une question de paroles, pour forcer Dieu à répondre à nos demandes, mais d’ambiance et d’intériorité. Quand il voit ses parents prier avec recueillement, l’enfant voudra percer ce secret et savoir avec qui les habite. Alors les parents lui indiqueront les rudiments du recueillement : « Faisons tous un moment de silence, tu dois entendre ton souffle. Respire lentement, écoute les battements de ton cœur, ne pense à plus rien. Jésus est là en toi, maintenant, il t’écoute, il t’aime… » L’enfant peut lui parler. On peut aussi lui proposer de prononcer calmement le nom de Jésus, sur le rythme de sa respiration, comme pour s’imprégner de sa présence. Il faut faire confiance à la grâce qui agit à ce moment-là… « Respirer le nom de Jésus », c’est laisser Dieu agir dans le cœur de votre enfant. Ce simple nom prononcé mentalement souvent et avec amour prépare la toile de fond sur laquelle seront inscrites des prières plus élaborées, au fur et à mesure de l’éveil de sa conscience, comme le Notre Père, le Je vous salue Marie, le signe croix, etc.
2 – favoriser la rencontre intime
La chambre de l’enfant est son lieu intime (cf. Mt 6). Dans cet endroit, on peut signifier la présence de Jésus qui veut habiter l’intimité de l’enfant : prévoir un coin prière, petite table, bougie, image, icône. Pour éviter certains dangers, la bougie peut être remplacée par une lampe qui éclaire faiblement. L’avantage c’est de pouvoir la laisser briller toute la nuit, ce qui rassure l’enfant et augmente la force du symbole. Naturellement l’enfant saura que Jésus est toujours avec lui. Et il se tournera souvent vers lui. N’oublions pas que le tout-petit est simple, il n’analyse pas comme le font les adultes. Il est mystique par nature.
3 – Prier avec toute la nature
Sainte Thérèse de Lisieux garde le souvenir lumineux de ces ballades, les dimanches après-midi, main dans la main avec son père dans les prés et les champs de blé. Elle voyait dans la nature le grand livre de la création où Dieu écrit et laisse les marques de sa présence. Et tout la ramenait à Dieu, en gerbes d’émerveillement et de louange. Il est bon aussi d’initier vos enfants aux beautés de la nature et à son respect. De les éveiller à l’émerveillement et à la louange du Créateur, de leur faire sentir la présence de Dieu dans la beauté d’une fleur ou d’un magnifique coucher de soleil, comme dans le chant mélodieux d’un oiseau. Prenez le temps de vous arrêter, de contempler, de faire silence, de louer, de remercier. Cueillez une fleur, montrez-leur une semence, un grain de blé, et expliquez les forces de la nature, la croissance d’une plante, l’éclosion de la fleur, le don du fruit, la force de la vie qui bouillonne en tout et en tous. Et cette puissance de vie nous est donnée… par quelqu’un !
4 – Prier avec la communauté
Par le baptême l’enfant entre dans une communauté vivante, dont la première est la famille, l’Eglise domestique. D’où l’importance de la prière en famille où l’on apprend aussi à partager les mots de la prière, à remercier, à se demander pardon, à prier les uns pour les autres, en se prenant par la main, par exemple. Il faudrait renouer avec cette ancienne tradition familiale où c’est le père à la fin de la journée qui bénit ses enfants, en les marquant sur le front du signe de la croix, geste accompagné d’une parole qui rassure avant d’entrer dans le sommeil de la nuit. Par exemple :
« Vous bénirez ainsi les enfants d’Israël ; vous leur direz : Que le SEIGNEUR te bénisse et te garde ! Que le SEIGNEUR fasse briller sa face sur toi et t’accorde sa grâce ! Que le SEIGNEUR lève sa face vers toi et te donne la paix ! »
(Nb 6,22-27)
Petit à petit, il faudra mettre l’enfant en contact avec la communauté-Eglise de votre paroisse, en participant à des groupes d’éveil à la foi des tout-petits, à de petits moments d’adoration eucharistiques, en leur faisant visiter l’église et les symboles qui nous orientent vers Dieu. Rappelez-vous toujours que la grâce reçue au baptême est active indépendamment de nous. C’est elle qui suscite surnaturellement le mouvement de la foi, au contact des autres, de la liturgie, des symboles religieux.
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