Réenchanter son couple ?

Bertrand Georges est diacre permanent et responsable de la pastorale familiale à Fribourg.
Papa de trois enfants, il est marié à Françoise

Nous rêvons tous d’avoir un couple idyllique et une famille solide, dans laquelle on se sente bien, qui nous apporte réconfort et soutien dans un quotidien pas toujours facile. Mais on ne se demande peut-être pas assez souvent à quelles conditions cette famille solide peut exister.

1 – Des désirs à la réalité

Bien des personnes sont habitées du désir de vivre de belles valeurs, comme le souci de la famille, la générosité, le sens du service, une bonne communication … Et on y trouve de vraies satisfactions. Mais il arrive, avec le temps, que tout cela ne suffit plus, que l’on se trouve démunis dans certaines situations difficiles. Malgré notre bonne volonté, on expérimente bien vite que dans notre vécu familial il y a des manques, des limites, des blessures, des choses qu’on aimerait changer sans pour autant y parvenir.

D’autres ressentent un certain désenchantement car le quotidien ne comble pas vraiment leurs attentes … Il y a comme un décalage entre nos immenses désirs d’aimer et d’être aimés (nous sommes épris d’infini) et la réalité du quotidien, sans parler de l’horizon de la mort qui limite notre existence.

2 – Et la foi dans tout ça ?

Ces situations, quoique douloureuses, peuvent être positives en ce sens qu’elles nous invitent à nous ouvrir à autre chose. L’espérance du manque ou un moment de crise peuvent être l’occasion d’intégrer une autre dimension dans nos aventures personnelles ou familiales.  « Nous savons qu’il doit exister un quelque chose que nous ne connaissons pas et vers lequel nous nous sentons poussés » disait saint Augustin. Et ce quelque chose, ce quelqu’un devrions-nous-dire, c’est la foi qui nous permet de le toucher, car elle nous relie à Dieu qui nous aime, qui est vivant, et qui s’offre à nous comme « le secours toujours offert » (ps 45). Quand le visage du Christ, l’amour du Père, la joie de l’Esprit se dévoilent, alors nos vies et nos relations peuvent être profondément renouvelées.

Pour certains, cette dimension croyante est déjà présente. Elle peut toujours être approfondie. Pour d’autres moins. Une naissance, un baptême voire un évènement douloureux, viennent parfois l’éveiller ou la ranimer.

3 – Dieu veut habiter chez toi

Dans nos existences « overbookées », on peut considérer la foi comme une dimension accessoire. On a déjà assez à faire avec le boulot, les factures, les courses, les loisirs, les écrans, et, s’il reste un peu de temps, Dieu. Dieu, lui, ne s’impose pas. Il se tient simplement à la porte de notre cœur et il frappe, doucement. Si nous entendons sa voix et lui faisons un peu de place, Il entrera dans notre intimité pour nous bénir, nous accompagner, nous appeler à la conversion parfois. (Cf Ap 3,20).

L’Évangile des noces de Cana nous rapporte que Jésus avait été invité à ce mariage. Et si nous l’invitions nous aussi ? Il répondra présent, c’est certain. Et lorsqu’il est accueilli dans un foyer, Jésus fait, en quelque sorte, partie de la famille. Et Jésus présent au cœur de nos familles, ça ne change pas grand-chose en apparence, mais ça change tout en réalité. Si nous le laissons faire, il deviendra petit à petit « numéro un » dans nos vies, pour notre plus grand bonheur. Comme le dit le pape François : Si la famille parvient à se concentrer dans le Christ, il unifie et illumine toute la vie familiale. (AL 317). La foi est comme un soleil qui éclaire, réchauffe et imprègne tout. Pour cela, bien des moyens nous sont offerts : aménager un « coin prière », partager un passage biblique, lire des belles histoires de saints, … Et, bien sûr, prier.

4 – La prière en famille

Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, nous dit Jésus, Il est là, présent au milieu d’eux. (Mt 18,20). Ainsi, la prière nous établit en présence de Dieu.

Très bien, mais dans le fond, c’est quoi la prière ? Pour Sainte Thérèse «la prière c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie[1] » Cette attitude, qui consiste à se tourner vers Dieu, est donc possible dans toutes les situations que nous traversons. Bien sûr, ce n’est pas toujours simple, la prière en famille ! Entre les petits qui courent partout et les grands qui ne veulent plus venir, c’est un peu du sport parfois ! Pourtant on y vit des moments intenses et importants, et c’est en fait moins compliqué qu’on ne le pense : « On peut réserver quelques minutes chaque jour afin d’être unis devant le Seigneur vivant, de lui dire les préoccupations, prier pour les besoins de la famille, prier pour quelqu’un qui traverse un moment difficile, afin de demander de l’aide pour aimer, rendre grâce pour la vie et pour les choses bonnes, pour demander à la Vierge de protéger par son manteau de mère. Par des mots simples, ce moment de prière peut faire beaucoup de bien à la famille. »  (Pape François, AL 318)

Dans la prière persévérante, comme aux noces de Cana, quelque chose se passe. Le Fils de Dieu qui offre son premier miracle à ces jeunes époux, veut également agir dans nos familles : Il transforme, bénit. Il sauve, fait miséricorde, console. Il nous aide, à surmonter nos manques, à dépasser nos limites, à aimer comme Il aime. Evidemment, tout cela ne s’opère pas comme d’un coup de baguette magique. Pourtant, si nous le laissons faire, le Christ qui nous rejoint dans tout ce qui tisse notre quotidien peut venir réenchanter nos vies.

5 – Pour aller plus loin

Dans mon prochain article nous présenterons quelques pistes concrètes pour vivre la prière en famille.

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Bertrand Georges

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Nous rêvons tous d’avoir un couple idyllique et une famille solide, dans laquelle on se sente bien, qui nous apporte réconfort et soutien dans un quotidien pas toujours facile. Mais on ne se demande peut-être pas assez souvent à quelles conditions cette famille solide peut exister.

1 – Des désirs à la réalité

Bien des personnes sont habitées du désir de vivre de belles valeurs, comme le souci de la famille, la générosité, le sens du service, une bonne communication … Et on y trouve de vraies satisfactions. Mais il arrive, avec le temps, que tout cela ne suffit plus, que l’on se trouve démunis dans certaines situations difficiles. Malgré notre bonne volonté, on expérimente bien vite que dans notre vécu familial il y a des manques, des limites, des blessures, des choses qu’on aimerait changer sans pour autant y parvenir.

D’autres ressentent un certain désenchantement car le quotidien ne comble pas vraiment leurs attentes … Il y a comme un décalage entre nos immenses désirs d’aimer et d’être aimés (nous sommes épris d’infini) et la réalité du quotidien, sans parler de l’horizon de la mort qui limite notre existence.

2 – Et la foi dans tout ça ?

Ces situations, quoique douloureuses, peuvent être positives en ce sens qu’elles nous invitent à nous ouvrir à autre chose. L’espérance du manque ou un moment de crise peuvent être l’occasion d’intégrer une autre dimension dans nos aventures personnelles ou familiales.  « Nous savons qu’il doit exister un quelque chose que nous ne connaissons pas et vers lequel nous nous sentons poussés » disait saint Augustin. Et ce quelque chose, ce quelqu’un devrions-nous-dire, c’est la foi qui nous permet de le toucher, car elle nous relie à Dieu qui nous aime, qui est vivant, et qui s’offre à nous comme « le secours toujours offert » (ps 45). Quand le visage du Christ, l’amour du Père, la joie de l’Esprit se dévoilent, alors nos vies et nos relations peuvent être profondément renouvelées.

Pour certains, cette dimension croyante est déjà présente. Elle peut toujours être approfondie. Pour d’autres moins. Une naissance, un baptême voire un évènement douloureux, viennent parfois l’éveiller ou la ranimer.

3 – Dieu veut habiter chez toi

Dans nos existences « overbookées », on peut considérer la foi comme une dimension accessoire. On a déjà assez à faire avec le boulot, les factures, les courses, les loisirs, les écrans, et, s’il reste un peu de temps, Dieu. Dieu, lui, ne s’impose pas. Il se tient simplement à la porte de notre cœur et il frappe, doucement. Si nous entendons sa voix et lui faisons un peu de place, Il entrera dans notre intimité pour nous bénir, nous accompagner, nous appeler à la conversion parfois. (Cf Ap 3,20).

L’Évangile des noces de Cana nous rapporte que Jésus avait été invité à ce mariage. Et si nous l’invitions nous aussi ? Il répondra présent, c’est certain. Et lorsqu’il est accueilli dans un foyer, Jésus fait, en quelque sorte, partie de la famille. Et Jésus présent au cœur de nos familles, ça ne change pas grand-chose en apparence, mais ça change tout en réalité. Si nous le laissons faire, il deviendra petit à petit « numéro un » dans nos vies, pour notre plus grand bonheur. Comme le dit le pape François : Si la famille parvient à se concentrer dans le Christ, il unifie et illumine toute la vie familiale. (AL 317). La foi est comme un soleil qui éclaire, réchauffe et imprègne tout. Pour cela, bien des moyens nous sont offerts : aménager un « coin prière », partager un passage biblique, lire des belles histoires de saints, … Et, bien sûr, prier.

4 – La prière en famille

Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, nous dit Jésus, Il est là, présent au milieu d’eux. (Mt 18,20). Ainsi, la prière nous établit en présence de Dieu.

Très bien, mais dans le fond, c’est quoi la prière ? Pour Sainte Thérèse «la prière c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie[1] » Cette attitude, qui consiste à se tourner vers Dieu, est donc possible dans toutes les situations que nous traversons. Bien sûr, ce n’est pas toujours simple, la prière en famille ! Entre les petits qui courent partout et les grands qui ne veulent plus venir, c’est un peu du sport parfois ! Pourtant on y vit des moments intenses et importants, et c’est en fait moins compliqué qu’on ne le pense : « On peut réserver quelques minutes chaque jour afin d’être unis devant le Seigneur vivant, de lui dire les préoccupations, prier pour les besoins de la famille, prier pour quelqu’un qui traverse un moment difficile, afin de demander de l’aide pour aimer, rendre grâce pour la vie et pour les choses bonnes, pour demander à la Vierge de protéger par son manteau de mère. Par des mots simples, ce moment de prière peut faire beaucoup de bien à la famille. »  (Pape François, AL 318)

Dans la prière persévérante, comme aux noces de Cana, quelque chose se passe. Le Fils de Dieu qui offre son premier miracle à ces jeunes époux, veut également agir dans nos familles : Il transforme, bénit. Il sauve, fait miséricorde, console. Il nous aide, à surmonter nos manques, à dépasser nos limites, à aimer comme Il aime. Evidemment, tout cela ne s’opère pas comme d’un coup de baguette magique. Pourtant, si nous le laissons faire, le Christ qui nous rejoint dans tout ce qui tisse notre quotidien peut venir réenchanter nos vies.

5 – Pour aller plus loin

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